Je suis un parent anxieux, comment ne pas le transmettre à mon enfant?

C’est un fait. En consultation, je le vois tous les jours, les enfants anxieux ont dans 95% des cas au moins un parent anxieux. Comment cela se fait-il?

Comment se transmet l’anxiété?

Si on parle de plus en plus d’un tempérament anxieux (c’est à dire de la base génétique de la personnalité), l’anxiété se transmet surtout par apprentissage social.

Je le répète, la peur est l’émotion la plus contagieuse chez les animaux dont nous faisons partie.

En tant qu’enfant, voir au quotidien ses parents manifester de la peur et adopter des comportements d’évitement nous imprègne pour longtemps…

Ainsi, bien des parents anxieux adoptent en réponse à leur propre anxiété, un comportement de surprotection et d’hyper contrôle. En effet, rien ne doit leur échapper. Le marché économique l’a bien compris et surfe sur les inquiétudes parentales pour faire vendre (baby phones, téléphones portables, dispositifs de sécurité, livres, …). Ces petits bouts de chou n’ont jamais été aussi couvés qu’aujourd’hui dans l’histoire de l’humanité. Or, ces enfants finissent par être de moins en moins adaptés et l’adolescence a même fini par s’étirer jusque 24 ans! C’est ce qui fait penser à beaucoup de familles que le monde est dur et que l’avenir qui attend nos enfants n’est pas reluisant… Oubliant que c’est nous mêmes, parents, qui contribuons à créer ce climat… Je l’ai encore entendu cette semaine…

Pour être heureux, épanouis et adaptés au monde extérieur, nos enfants ont besoin d’autonomie. Or, nos comportements de parents hyper protecteurs vont aux antipodes de cette nécessité… Il est indispensable que nous mettions en place un cadre éducatif souple en prenant conscience que ce que nous projetons sur le monde extérieur n’est que le reflet de nos croyances dysfonctionnelles. Non, les enfants ne sont pas en danger et leur vie ne tient pas à un fil…

La mère anxieuse?  … oui mais…

La psychanalyse a traditionnellement focalisé sur la figure maternelle comme responsable de tous les maux de nos enfants. J’exagère un peu … certes … mais pas tant que ça. Heureusement, les psychologues cognitivo-comportementaux sont allés chercher plus loin…

Il est vrai que les mamans sont souvent surinvesties… et anxieuses elle-mêmes. Oui, mais en consultation, on voit aussi des papas anxieux (ou on les devine car ils ne viennent pas forcément). Des études ont montré que si l’on échangeait pour une activité les dyades parents-enfants en confiant les enfants anxieux aux parents non anxieux, on observe que les parents non anxieux deviennent tout à coup très protecteurs. C’est donc plus un ajustement parental qu’on observe.

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Autre résultat de recherche très intéressant: les études ont montré le rôle fondamental des papas dans l’ouverture à l’extérieur et l’initiation aux expériences nouvelles. D’ailleurs, dans le trouble anxieux généralisé des enfants, on retrouve souvent des papas qui ne remplissent pas ce rôle. Les études l’ont montré mais je le constate aussi très souvent dans ma pratique clinique. Alors, les papas, faites sortir vos enfants et emmenez-les découvrir le monde.

Moi même, je ne peux que remercier mon mari. En effet, ayant été moi même éduquée par une grand mère ayant peur de tout, j’avais tous les risques de devenir moi-même une maman très anxieuse. Heureusement, grâce à mon métier de psychologue, j’ai pu mettre en pratique tous mes outils de gestion de l’anxiété et cette dernière est à présent tout à fait acceptable. Mais lorsque mes enfants étaient petits, heureusement que mon mari, bien plus casse-cou que moi, était présent pour contrecarrer mes attitudes de surprotection parentale. Aujourd’hui mes trois enfants sont épanouis et autonomes. Ouf!

Le rôle des relations sociales

Lorsque la famille est anxieuse, il faut élargir le cercle. Il est donc essentiel de fréquenter d’autres personnes qui apporteront d’autres influences à vos enfants … mais aussi à vous-mêmes. Discuter avec d’autres parents sur leurs pratiques nous permet de prendre du recul sur nos pratiques parentales hyper protectrices.

Prendre du recul soi même

L’anxiété se caractérise par une distorsion de la réalité qui repose sur des croyances profondes et bien ancrées sur moi-même, le monde et les autres. Il convient d’être attentif au fait que ces pensées sont excessives et ne représentent pas la réalité. Ce n’est donc pas parce que vous avez des pensées que vous devez les croire … et encore moins leur obéir.

Non, nous ne vivons pas dans un monde dangereux et votre enfant ne risque pas d’être kidnappé  au coin de la rue. A ce propos, si vous êtes anxieux, ralentissez votre consommation de médias qui ne fait qu’appuyez sur les peurs universelles et ainsi conforter de manière dysfonctionnelle vos croyances. Par ailleurs, si votre enfant rechigne à faire ses devoirs, il ne sera pas forcément SDF.

Je vous promets qu’ il est tout à fait possible de travailler sur ses croyances et de dompter ses émotions négatives. J’en suis la preuve vivante!

Virginie BOSSUT-HUBAUT

Psychologue spécialisée en thérapie cognitive et comportementale.

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3 comments

  1. Merci pour ce bel article sur l’anxiété qui est une bonne piqûre de rappel
    Je suis une maman anxieuse mais grâce à vous aujourd’hui j’arrive à mieux la gérer et j’essaye de ne pas la communiquer à mes enfants.Vous avez raison souvent le papa permet de tempérer les choses.
    Paola

  2. Bonjour Virginie,
    Je souhaite recevoir les vidéos svp.
    J applique les 7 idées et cela lance ma journée plus sereinement.
    Merci pour vos conseils.
    Sylvain.

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